Si le public reprend lentement le chemin des hippodromes, les bookmakers n’ont pas désarmé. Obligés de quitter les hippodromes où ils sont pourchassés, ils ont transformé Paris en un vaste tripot. Car dans sa hâte de résoudre en  l’épineux problème du pari sur les hippodromes, le gouvernement ne s’était pas soucié de son corollaire, le pari en dehors des terrains de courses. Le vide dont la nature a horreur, les bookmakers délogés s’empressent de le combler sous l’enseigne de « commissionnaires du pari mutuel ». De ceux qui ne peuvent se déplacer ou risquer la mise minimale de 5, ils acceptent des 50, voire 25 centimes que, bien entendu, ils se dispensent d’aller verser au pari mutuel officiel ouvert sur l’hippodrome. Au printemps 1890, l’atmosphère entourant le pari mutuel s’alourdit. Le , le conseil municipal de Paris se penche sur la question de la suppression des agences de pari mutuel. À son tour, le gouvernement s’émeut et, le , le ministre de l’Intérieur prend un arrêté interdisant « de participer au pari par l’entremise de mandataires au moyen de commissions données en dehors du champ de courses ». Parmi les considérants, « il est de notoriété publique que les agences, opérant pour leur propre compte, ne portent pas aux guichets du pari mutuel les mises qui leur sont confiées et frustrent ainsi l’Assistance publique du prélèvement qui lui est réservé. » Pourchassés, les contrevenants sont condamnés par les tribunaux, à l’exception de certains arguant de l’illégitimité du pari mutuel qui ne serait qu’une loterie déguisée malgré le prélèvement effectué sur les enjeux en faveur d’une œuvre de bienfaisance. Prélèvement dont l’attribution était revendiquée par la Ville de Paris (comme propriétaire des hippodromes) pour l’Assistance Publique de la Seine, et le ministre de l’Intérieur voulant l’affecter à des œuvres de bienfaisance nationales, sous prétexte que les courses procuraient déjà un large bénéfice au commerce parisien. En attendant une décision, les versements, effectués avec ponctualité par les sociétés de courses au Crédit foncier de France chargé de leur collecte, s’étaient accumulés pour constituer un véritable magot « qui n’appartient à personne et que tout le monde se dispute ». Quand un projet de loi réglant l’emploi de ces fonds est discuté devant le parlement le , son objet est dévié.

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